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Conférence des régions partenaires sur les résultats des élections européennes

Le 27 mai, au lendemain des élections européennes, les régions partenaires d’Emilie-Romagne, Hesse, Nouvelle-Aquitaine et Wielkopolska ont organisé un débat entre quatre journalistes allemand, français, italien et polonais dans leurs locaux communs. 400 personnes ont assisté à l’événement.

Peter Müller, correspondant européen pour Der Spiegel, a indiqué que l’Allemagne avait échappé au déferlement populiste du parti eurosceptique et nationaliste de l’AfD (Alternative pour l’Allemagne), hormis dans ses bastions comme la Saxe. Il a regretté que de nombreux électeurs allemands aient donné leur voix à une multitude de petits partis politiques qui n’auront aucun pouvoir à Bruxelles et qui ne contribueront pas à l’influence allemande dans l’hémicycle. M. Müller a par ailleurs souligné l’engagement très timide de la Chancelière Angela Merkel dans la campagne en Allemagne. D’après lui, Manfred Weber, le "Spitzenkandidat" du PPE (Parti populaire européen), n’est pas en position de force pour décrocher la présidence de la Commission européenne. Le journaliste a également invité le Parlement européen à soumettre un nom pour la présidence de la Commission européenne le plus vite possible. Selon lui, le taux de participation en hausse lors de ces élections est un argument que le Parlement peut utiliser face aux chefs d’Etat pour peser dans ce choix.

Correspondante européenne pour Europe 1, Isabelle Ory a marqué son étonnement concernant la hausse de la participation en France, qui est une belle surprise par rapport à la campagne. Plus d’un Français sur deux est allé voter. Ces élections s’inscrivent dans la suite de la présidentielle de 2017, avec un paysage politique en recomposition autour de deux partis: le Rassemblement national, en avance d’un point; et la République en Marche, qui a limité les dégâts, dans un contexte de forte contestation sociale et d’inquiétude du pouvoir. Les Verts, dont le travail au Parlement européen est reconnu, visible et compris, deviennent la troisième force politique du pays. Aucune liste "gilets jaunes" ne passe la barre des 5%, comme c’est le cas pour beaucoup de listes souverainistes. Il y aura un fort renouvellement des eurodéputés français, sauf chez les Verts.

Isabelle Ory le 27 mai 2019 © MultipleRegionsHouse/fkph

Selon Isabelle Ory, la présidence de la Commission européenne pourrait peut-être échapper au PPE, et en tout cas à Manfred Weber, point sur lequel elle rejoint Peter Müller. Mme Ory estime que la candidate de la France serait la Danoise Margrethe Verstager, mais elle n’a pas exclu l’hypothèse Michel Barnier. Une course contre la montre s’est engagée entre les résultats des élections et la tenue du sommet des chefs d’Etat, avec un rapport de force inédit entre le Parlement et le Conseil européen, pour être le premier à proposer une solution.

Journaliste italienne indépendante, Barbara Roffi a insisté sur les différences géographiques dans le taux de participation – resté globalement stable – en Italie: les régions du Sud ne sont pas allées voter, au contraire des grandes villes qui se sont fortement mobilisées, comme Milan. La Ligue du Nord a réalisé une énorme percée et aurait récupéré des voix du Mouvement Cinq Etoiles, sans doute grâce à son discours clair et très radical. L’autre grande nouveauté de ce scrutin en Italie est l’enrayement de la tendance négative pour le Parti démocrate (centre gauche), qui comptabilise plus de voix que Cinq Etoiles.

Enfin, Anna Slojewska, correspondante pour le quotidien Rzeczpospolita, a résumé les élections en Pologne à une bataille entre la Coalition européenne et le parti Droit et justice (PiS), ce dernier devançant de six points la Coalition. Le scrutin constituait un test avant les élections nationales prévues à l’automne. Il est intéressant de noter que le PiS n’a plus tenu de discours anti-européen, pour être en phase avec la population plutôt pro-européenne. Comme en Italie, d’importantes disparités géographiques se sont faites jour avec une division entre le Sud Est du pays, catholique, traditionnel et conservateur, et le Nord-Ouest, plus libéral; entre les grandes villes et les campagnes; entre les jeunes et les plus âgés, etc. Anna Slojewska a noté que six anciens premiers ministres polonais siègeront au Parlement européen et que concernant les nominations aux postes clés de l’UE, il faudra veiller à respecter un équilibre géographique.