© Valentine Neirinck Fauvelle

L’avenir des indications géographiques agricoles de l’UE en discussion à Bruxelles

La communauté européenne des indications géographiques agricoles s’est réunie à Bruxelles, dans les locaux communs de la Nouvelle-Aquitaine et de sa région partenaire italienne l’Emilie-Romagne, à l’occasion d’une conférence organisée dans le cadre du projet européen GI SMART. Le Commissaire européen à l’agriculture et à l’alimentation, Christophe Hansen, a ouvert les débats devant plus de 200 participants. 

L’événement a offert, les 25 et 26 juin derniers, une plateforme d’échanges riches sur l’état actuel et les perspectives des indications géographiques (IG) agricoles en Europe. Il était co-organisé par l’AREPO, l’Association des Régions Européennes des Produits d’Origine dont la Nouvelle-Aquitaine est membre, la Fédération Européenne des Vins d’Origine, EFOW, et la branche européenne d’oriGIn (Organisation pour un réseau d’Indications Géographiques), oriGIn EU. 

Producteurs, responsables politiques européens et nationaux, autorités régionales et chercheurs, venus de toute l’UE, ont mis en lumière la diversité des produits sous IG, illustrant le dynamisme et l’engagement du secteur à travers l’Europe. Plusieurs préoccupations majeures ont été exprimées: une répartition inégale des IG selon les régions, due à un manque de ressources et de capacités; des incertitudes réglementaires et juridiques, notamment concernant l’étendue de la protection des IG dans l’UE; des coûts élevés liés à la protection dans les pays tiers et en ligne; et un manque de sensibilisation des consommateurs. Les participants ont également souligné l’urgence de soutenir les jeunes producteurs et les petits exploitants, de renforcer la résilience climatique, et de mieux articuler les IG avec les stratégies de développement régional et touristique.

Le Commissaire européen à l’agriculture et à l’alimentation, Christophe Hansen, a de son côté, évoqué un certain nombre de mesures susceptibles d’être menées à l’échelle européenne, via l’établissement d’un plan d’actions pour les IG (qui pourrait être présenté en 2026): soutien accru aux campagnes de promotion; création d’un prix européen annuel; mise en place d’une coopération volontaire avec les supermarchés; meilleure exploitation du potentiel des marchés publics, par exemple en définissant un pourcentage d’achats d’IG dans les cantines scolaires. Il a également souligné l’importance de la promotion internationale des produits sous IG, en appelant à de véritables "offensives diplomatiques" et à l’inclusion de chapitres spécifiques aux IG dans les accords commerciaux conclus avec les pays tiers.

Le député européen Eric Sargiacomo a quant à lui souligné le "modèle précieux" que constituent les IG et appelé de ses vœux à ce qu’il se développe en particulier dans les Etats membres où il est encore trop peu présent. Il a rappelé que depuis 2021 les IG disposent d’un outil de régulation de la production qui permet de garder collectivement le contrôle sur la commercialisation et d’éviter que de "légères surproductions ne se traduisent par de grosses baisses de prix". Enfin, concernant les IG viticoles, il s’est félicité de l’outil historique qui leur donne la possibilité de faire des recommandations de prix sur le raisin et appelé à ce que le paquet vin, actuellement en négociation, étende cette possibilité aux moults et vins en vracs.  

Alessandro Beduschi, Président de l’AREPO, a rappelé le rôle essentiel des régions dans le soutien aux IG. Il a annoncé le lancement d’une enquête à l’échelle européenne visant à évaluer la mise en œuvre du nouveau règlement IG (UE) 2024/1143 et à analyser le fonctionnement du système actuel. Cette initiative, portée par AREPO, EFOW et oriGIn EU, s’inscrit dans le cadre du projet GI SMART. 

GI SMART est un projet de recherche de quatre ans, co-financé par l’UE, et qui devra développer des outils et des méthodologies visant à favoriser la mise en œuvre de stratégies de durabilité par les producteurs d’IG, à garantir leur reconnaissance par les consommateurs, et à formuler des recommandations politiques pour une meilleure conception des politiques relatives aux IG.

Parmi les intervenants à la conférence, Mme Delphine Georgelet, Dirigeante de la Ferme Georgelet, située dans les Deux-Sèvres, et productrice de fromages de chèvre, a présenté son exploitation et les valeurs qui la guident: l’humain et le partage, le bien-être animal et les préoccupations écologiques. Elle a souligné les défis du maintien de l’élevage sur les territoires et appelé à ce que la future PAC y réponde: difficulté d’accès au foncier, nécessaire modernisation des équipements mais également formation concernant les soins à apporter aux animaux. La Ferme Goergelet a pu également présenter à la dégustation les IG Chabichou du Poitou et Mothais sur Feuille. 

La Région Nouvelle-Aquitaine et l’AANA ont assuré la mise à l’honneur d’autres produits régionaux de qualité pendant ces deux jours: le fromage de brebis AOP Ossau-Iraty, l’IGP Pruneaux d’Agen, et l'IGP canard à foie gras du Sud-Ouest.

Le site du projet européen GI smart 

Le site de l’AREPO 

Le site de la ferme Georgelet 

Le site de l’Agence de l’Alimentation Nouvelle-Aquitaine (AANA)

La page de la DG AGRI de la Commission européenne consacrée aux IG pour les produits agricoles, les denrées alimentaires et aux IG vitivinicoles 

Le discours du Commissaire prononcé à cette occasion (en anglais)