
La Commission européenne propose un "paquet Vin" pour répondre aux défis du secteur
Le 28 mars dernier, la Commission européenne a présenté un ensemble de mesures ciblées pour aider le secteur à gérer le potentiel de production, à s'adapter à l'évolution des préférences des consommateurs et à ouvrir de nouvelles perspectives commerciales.
Le secteur vitivinicole européen est confronté depuis plusieurs années à une crise multiforme: changement climatique, incertitudes du marché, évolution des modes de consommation, autant de défis qui ont poussé la Commission européenne, en juillet 2024, à lancer un Groupe à Haut Niveau afin d'examiner les besoins de la filière et proposer des solutions en collaboration avec les professionnels et les États membres. Ce Groupe à Haut Niveau a rendu des conclusions en fin d’année dernière, qui prennent la forme de "recommandations" sur les outils susceptibles d’aider davantage le secteur à faire face aux défis actuels, à améliorer sa compétitivité et à explorer de nouveaux débouchés commerciaux (voir IE du 5 février 2025).
Lors de la réunion de la commission de l'agriculture et du développement rural du Parlement européen le 11 février dernier, le commissaire Christophe Hansen s’était engagé à ce que ces recommandations soient traduites en actions législatives concrètes dans de futures propositions de la Commission européenne. C’est ce qui a été mis sur la table le 28 mars. La Commission européenne propose ainsi de modifier trois législations: les règlements (UE) nº 1308/2013, (UE) 2021/2115 et (UE) nº 251/2014 en ce qui concerne respectivement certaines règles du marché et mesures de soutien sectoriel dans le secteur vitivinicole et pour les produits vinicoles aromatisés.
Le nouveau train de mesures a été présenté aux députés européens le 8 avril dernier. A cette occasion, la Commission en a rappelé les grandes lignes et l’objectif principal, à savoir fournir certaines flexibilités aux Etats membres et aux opérateurs pour faire face aux défis auxquels le secteur est confronté, défis rendus d’autant plus complexes dans un climat géopolitique incertain. Mauro Poinelli, chef de l’unité Vin à la DG AGRI de la Commission européenne, a résumé les propositions de la CE en trois points principaux:
- Soutien à la gestion du potentiel de production: la proposition permet des ajustements de la production en fonction de la demande et des échanges commerciaux en introduisant une série de flexibilités sur les autorisations de replantations, et les États membres seront également autorisés à mieux calibrer les autorisations de plantation en fonction de leurs besoins nationaux et régionaux. Pour prévenir des excédents, les États membres seront habilités notamment à prendre des mesures telles que l'arrachage (élimination des vignes indésirables ou excédentaires) et la récolte en vert (élimination des raisins encore verts avant la récolte).
- Soutien pour aider à renforcer la résilience face au changement climatique, qui affecte certaines régions en particulier: les États membres peuvent porter l'aide financière maximale de l'Union à 80 % des coûts d'investissement admissibles pour les investissements visant à atténuer le changement climatique et à s'y adapter.
- Soutien pour répondre aux défis liés à la baisse de consommation, en s’adaptant aux changements de comportement des consommateurs: il est proposé sur ce point d’introduire des règles de commercialisation plus claires pour les produits vinicoles à faible teneur en alcool et ce dans l'ensemble du marché unique. Un étiquetage harmonisé devrait également réduire les coûts et simplifier les échanges. En outre, les groupements de producteurs gérant des vins protégés dans le cadre d'indications géographiques pourront bénéficier d'une aide au développement du tourisme lié au vin ; et enfin, la durée des campagnes de promotion financées par l'UE en faveur de la consolidation du marché dans les pays tiers sera portée de trois à cinq ans afin d’en renforcer l’efficacité.
Si ces propositions ont été globalement très bien accueillies par les députés européens, certains se sont montrés cependant sceptiques sur les mesures en matière d’arrachage. Sur ce point, le représentant de la Commission européenne a rappelé que les mesures proposées étaient prudentes par rapport aux recommandations du Groupe à Haut niveau, en particulier lorsque cela concerne des régions dépendant exclusivement de la viticulture.
La proposition de la Commission est désormais entre les mains des colégislateurs (Parlement européen et Conseil pour les Etats membres). Face à l‘ampleur de la crise qui touche le secteur, le député Eric Sargiacomo, vice-président de la commission de l’agriculture et co-président de l’intergroupe "Vin" du Parlement européen, a souligné en clôture de séance la nécessité d’aller le plus rapidement possible dans la procédure d’adoption.
Le communiqué de presse de la Commission européenne
Les propositions de modifications législatives de la Commission européenne