Sur les quais Hennessy, le long de la Charente, l'exposition de Bruno Fert nous parle de celles et ceux qui risquent tout pour atteindre le continent, à travers le prisme de leur habitat.

Refuges, exposition de Bruno Fert

Pour sa 34e édition, qui aura lieu du 18 au 21 novembre 2021, le LEC festival part sur la route du Danube. Le deuxième fleuve d’Europe parcourt le continent d’ouest en est, traversant pas moins de dix pays. Sur son chemin, l’Allemagne, l’Autriche, la Slovaquie, la Hongrie, la Croatie, la Serbie, la Bulgarie, la Roumanie, la Moldavie, l’Ukraine.

A la fois fleuve-frontière et fleuve qui se joue des frontières, le Danube semble guider le mouvement de la construction européenne, qui suit son flot vers l’est. Pourtant, au cours de l’Histoire, c’est vers l’ouest, à contre-courant, débarquant de la mer et remontant le fleuve, que de nombreuses populations ont suivi cet itinéraire. Aujourd’hui les frontières se sont ouvertes pour les ressortissants de l’Union européenne, mais l’accueil des réfugiés qui arrivent à ses portes fait toujours débat.

« L’Europe est le plus dense écheveau de frontières de la planète – l’Europe n’est qu’un entrelacs de bordures », écrit Emmanuel Ruben. Les frontières, les bordures, les séparations seront l’un des thèmes au cœur de cette nouvelle édition du LEC festival.

En prélude à ce voyage danubien, LEC vous propose de redécouvrir une exposition qui avait été inaugurée pour la première fois lors du festival de 2017 et d’entrer dans l’habitat des réfugiés aux portes de l’Europe.

Emmanuel Ruben sera l’invité d’honneur de cette 34e édition du festival. Toutes les citations sont extraites de Sur la route du Danube (Rivages, 2019) récit de voyage et d’arpentage, dans lequel il raconte son parcours à vélo le long du Danube, de son delta en Ukraine et en Roumanie, à sa source en Allemagne. À travers cette expérience, il acquiert une perspective unique et d’ensemble sur cette région et les pays qui bordent le fleuve, leurs histoires à la fois singulières et croisées, leurs habitants et leurs vies aujourd’hui.

REFUGES. ITINERAIRES INTERIEURS

Raconter les migrants plutôt que les montrer, telle est l’ambition de l’exposition Refuges de Bruno Fert. On y découvre les lieux qui ont servi de foyers aux migrants retenus dans les camps, notamment en Grèce. Les photos sont simples a priori mais regorgent de détails qui apparaissent comme autant d’indicateurs sur les occupants. Ici, un jeu de cartes abandonné en pleine partie, là, des peluches soigneusement disposées sur un lit bien fait.

« L’intérieur de quelqu’un donne des indications sur son niveau de vie, ses moyens financiers, son niveau d’éducation, ses centres d’intérêts, commente Bruno Fert. Dans des camps, où règne l’adversité, la petite cabane dans laquelle vivent les migrants est le dernier espace où ils disposent encore un peu d’intimité et de douceur de leur vie passée. »

Photoreporter né en 1971, Bruno Fert a étudié à l’École nationale des arts décoratifs, puis à New York où il s’est initié à la photographie avec un reportage sur la vie des sans-abris du pont de Brooklyn. L’habitat, modeste refuge, logement de fortune ou ruines, revient souvent dans ses séries comme « Les tentes dans la ville » (Troisième prix du World Press Photo en 2006) et « Les absents », son travail sur les villages palestiniens détruits en 1948, distingué par le Prix Scam-Roger Pic 2013 et le Prix Neuflize 2016.